Sébastien Cliche, Carrousel 01, 2019.
13 octobre 2023 — 17h | Le Lieu, centre en art actuel (345 rue du Pont, Québec)
26 octobre 2023 — 18h | Centre Clark (5455 avenue de Gaspé, local 4, Montréal) |
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Pour célébrer la sortie du tout nouveau numéro d’Inter, l’équipe du Lieu, centre en art actuel vous invite à vous joindre à ses deux lancements, prévus le 13 octobre à Québec et le 26 octobre à Montréal! Continuez votre lecture pour connaître tous les détails de ces soirées. |
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Résumé du numéro Ce dossier se présente, entre autres perspectives possibles, comme actualisations de certaines interprétations de la gravure de A. Dürer Melencholia I, réalisée (1514) plus de cinq siècles avant l’hégémonie des dispositifs numériques ou cybernétiques de communications, d’enregistrements et de calculs. Quatre aspects principaux peuvent être mis en relief. Il y a d’abord celui de l’obsolescence programmée inhérente aux injonctions de changer constamment d’appareils ; un ennui, sinon une exaspération, sans compter les sévices écologiques considérables engendrés, peuvent être causés par cet assujettissement aux accélérations technologiques, ainsi qu’à ses effets de mode. En deuxième lieu, il y a l’aspect de l’insatisfaction, de la déception, du « désenchantement du monde », devant les promesses technologiques. Il s’agit d’une expérience de l’impuissance de la raison instrumentale face au foisonnement de l’existence humaine ; d’une expérience des limites de la science et du calcul en regard des capacités de compréhension de l’esprit humain. L’interprétation principale que proposent R. Klibansky, E. Panofsky et F. Saxl autour de cette gravure de Dürer s’inspire de Raymond Lulle et d’Henri de Gand, lesquels associent mélancolie, géométrie et mathématique. Saturne, le dieu qui a créé le temps, gouverne la mesure du temps, non moins que celle de l’espace : « De là qu’ils sont les mélancoliques et qu’ils sont les meilleurs mathématiciens, et les pires métaphysiciens : car ils ne peuvent étendre leur intelligence au-delà du site et de la magnitude sur quoi se fondent les mathématiques. De quelque chose que ce soit, c’est le combien qu’ils se représentent, ou la place dans le combien ». (Henri de Gand, cité par Klibansky et al.) Il est possible, certainement, de faire correspondre à ces mathématiques tous les algorithmes, les mégadonnées, l’intelligence artificielle, la logique binaire (0-1), composant l’essence même des écosystèmes numériques. En troisième lieu, il y a l’aspect de ces écosystèmes qui fait de notre rapport au monde un amoncellement de fragments décontextualisés. Le paradigme numérique peut en effet se présenter comme dispositif d’arraisonnement du contexte, comme dispositif de décontextualisation, atomisant le monde, individualisant la société. Les hypertextes permettent des compositions rhizomiques infinies, mais dans lesquelles la conscience, la connaissance de la relation entre la partie et le tout, l’élément et l’ensemble, devient compromise. Enfin, la mélancolie, ce « bonheur d’être triste » (V. Hugo), suggère que la source de la tristesse puisse être dépassée ou sublimée. La mélancolie à l’ère de la technique implique donc peut-être aussi la possibilité pour le monde numérique d’accompagner conséquemment l’épanouissement de la condition humaine. Comment ? En affranchissant les écosystèmes numériques de la soumission aux intérêts capitalistes des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ? La mélancolie à l’ère de la technique comme ressort de paralysie ou de mouvement ? Épuisement ou débridement des énergies créatives ? |
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HOMMAGE À L’OMBRE JAUNE Présentation audio-vidéo de Gengis Dhan Gengis Dhan sera de la partie pour nous présenter un enregistrement visuel et sonore de plus de quatre heures réalisé au Studio Beat Vu, le 4 avril 2021. Dans le cadre d’une soirée hommage au célèbre bar alternatif des années 80 à Québec, L’Ombre Jaune, vous y entendrez une cinquantaine des meilleures pièces musicales qui ont marquées au fer rouge toute une génération, une époque et ce bar. Le tout accompagné visuellement par des éclairages et des dizaines de photos de pochettes de disques, de logos de maisons de disques et images de l’époque. Le tout sous la supervision de Bernard Bastien à la prise de son, diffusion vidéo, contrôle des éclairages et réalisation. Voyage dans le temps et nostalgie assurés! Avec son nom inspiré du grand conquérant mongol du douzième siècle, Gengis Khan, Gengis Dhan, aka Daniel Rochette, originaire de Québec, cumule aujourd’hui plus de 40 ans d’expérience derrière les platines. Tout a commencé à CKRL-MF à Québec en 1982 alors qu’il prend la barre de l’émission du samedi soir à minuit et qu’il baptise « Transmissions ». S’en suivront jusqu’en 2003 différentes émissions et séries couvrant plusieurs styles de la musique Alternative, Punk, Post-Punk, Techno, Industrielle, Gothique, Drum’n Bass, Ambiant, Trip-Hop et autres. Un an plus tard, il fait ses débuts comme DJ au bar alternatif L’Ombre Jaune. Il y tiendra le fort jusqu’en 1989. Durant cette période, il fonde Dernier Recours, son entreprise de production de spectacles et propose, dans différentes salles de la ville, les performances musicales d’artistes et groupes dont Front 242, Bérurier Noir, The Pixies, The Young Gods, A Split Second, OTH, S.N.F.U., The Neon Judgement et de nombreux autres. De 1992 à 1999, il sera DJ, barman, serveur et organisateur d’événements à la Fourmi Atomik, cet autre célèbre bar alternatif de Québec. Il poursuivra ensuite sa carrière de DJ lors d’innombrables événements, raves, spectacles organisés dans différents bars et salles de spectacles. Il fit les ambiances sonores pour les spectacles de Trisomie 21 et The Young Gods. Il joua en première partie de Vivenza à Ex-Machina, Mass Histeria au FEQ, de Amon Tobin au Kashmir de Québec et plus récemment (Octobre 2022), en première partie du groupe Belge Front 242 à L’Impérial de Québec. De plus, il a joué à Montréal, Ottawa, Toronto, Paris et Mexico City dans le cadre du Festival « Latinos del Norte » organisé par Le Lieu en 2001. Pour le rejoindre : daniel.rochette@live.ca « L’AFFAIRE DÜRER » Conférence de Franck Morzuch « On peut voir encore, du peintre, une toile d’araignées à une sorte de fenêtre et leur chasse qu’expriment, entres autres indices, des lignes extrêmement ténues. » Cette phrase tirée d’un manuel de rhétorique de Joachim Camerarius, ami et collaborateur d’Albrecht Dürer, fut écartée d’un trait de plume par Erwin Panofsky, Ramond Klibansky et Fritz Saxl, estimant qu’il s’agissait d’une autre Melencolia aujourd’hui perdue, puisqu’il n’y a pas de fenêtre et encore moins de toiles d’araignée dans la gravure en question. Or, le carré magique n’est pas accroché au mur comme la cloche, la balance ou le sablier mais il est maçonné en forme de niche selon un plan préétabli. Et si l’on relie les chiffres dans leur ordre croissant, il se dessine une toile d’araignée qui, lorsqu’on l’observe de près, donne l’étrange impression de déjà-vu, comme si nous étions devant la charpente qui structure l’image. Fil d’Ariane, signature planétaire ou tracé mnémonique ? Cette découverte ouvre le champ à une approche inédite de quatre des plus célèbres gravures de Dürer, fondées sur les quatre tempéraments et les carrés planétaires qui les gouvernent. Menée comme une enquête par un artiste d’aujourd’hui sur un artiste d’hier, cette performance-conférence, à la fois singulière et décalée, ébranle nos certitudes pour nous introduire dans un univers à la confluence des arts, des mathématiques, de l’histoire et de la philosophie où images et magie se confondent. Arpenteur et prospecteur, Frank Morzuch entretient avec le territoire une relation proche du dessin dans la mesure où ses pas y tracent des figures à l’échelle du paysage. Cette démarche se matérialise sous forme de cartes, conçues comme une partition dont le promeneur se fait l’interprète, véritable walk-in-progress traité et restitué abstraitement sous forme d’installations, de photos ou de vidéos aptes à générer une expérience analogue. Dans cet esprit, depuis dix-huit ans, sur un terrain plus conceptuel, Frank Morzuch recueille dans le champ fécond de l’héritage écrit d’Albrecht Dürer la materia prima propice à l’élaboration d’une oeuvre singulière. Intitulée « L’affaire Dürer », celle-ci nous conduit des prémices de l’image numérique à leurs prolongements subliminaux, grâce à d’étonnants parcours graphiques régis par les chiffres. De retour d’Allemagne où, dans le cadre d’une résidence croisée entre Strasbourg et Dresde, il a étudié l’esquisse préparatoire du polyèdre, l’artiste répond avec la règle et le compas à ces troublantes questions : « Dans quel dessein le peintre, architecte, mathématicien et théoricien de l’art, Albrecht Dürer, a-t-il exécuté ces gravures faites pour impressionner, en imprimant non plus sur du papier, mais directement dans l’esprit, un diagramme magico-mnémonique considéré alors comme un puissant talisman ? Et pourquoi la grille sur laquelle elles sont construites nous est-elle restée inconnue ? »
13 OCTOBRE 2023 — 17H
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