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Depuis plus d’un an, les deux artistes se réunissent pour échanger sur leurs positions et les marges qui existent entre ce qu’elles créent en tant qu’artistes et ce qu’elles produisent de façon utilitaire. Elles se rencontrent en se demandant comment allier toutes les sphères productivistes de leurs vies, réfléchissent ensemble à la valeur et au statut de différents types de productions dans la sphère privée et sociale et portent une attention au geste de faire comme acte de résistance.
Leur recherche se penche sur les contextes sociaux et économiques desquels sont issues les activités qu’elles pratiquent déjà: la couture et plusieurs techniques de confection textile, l’herboristerie et la fabrication de cosmétiques. Elles s’intéressent à ces pratiques, entre autres, parce que celles-ci sont traditionnellement accomplies par des groupe de femmes dans la sphère domestique et communautaire.
Le processus créatif du projet est axé sur le décloisonnement des pratiques individuelles et le partage de savoir-faire. Il devient un outil de réflexion pour développer une pensée critique sur la logique capitaliste par la remise en question des modes de production. Duchêne Ramsay et Ouellet réfléchissent à la distinction entre l’acte de faire comme moyen de subsistance et la pratique de loisirs créatifs, ainsi qu’à la façon dont ces activités sont promues dans notre système économique actuel et ses dispositifs de marchandisation. Elles souhaitent également réfléchir aux possibilités de l’organisation collective en mettant en pratique l’approfondissement des savoir-faire domestiques avec des personnes qui ont des intérêts similaires aux leurs.
La salle d’exposition sera occupée du 22 novembre au 15 décembre 2019 par différentes stations de travail et dispositifs installatifs. Elle deviendra ainsi le lieu d’expérimentation des artistes ainsi qu’un lieu d’échange avec les participant.e.s. Différents artefacts permettront de témoigner de la production et de la réflexion en cours.
Morgane Duchêne Ramsay a complété un baccalauréat en arts visuels à l’université Concordia avec une majeure en textile et une mineure en histoire de l’art. Elle travaille en tant qu’artiste et formatrice de couture dans des organismes visant la réinsertion sociale par les moyens des savoirs-faire manuels et de l’expression créative. Sa pratique artistique et son métier s’entreinfluencent et ses œuvres résultent souvent de cette dichotomie entre travail et art. Que ce soit à travers ses installations performatives ou les tâches d’enseignement, elle cherche à créer des environnements qui mettent une emphase sur le partage de connaissances, de services et d’idées.
Anne-Marie Ouellet vit et travaille à Montréal. Par sa pratique artistique multidisciplinaire, elle se penche sur des questions relatives aux normes qui régissent les usages et les comportements dans l’espace public et privé. Par l’élaboration et l’expérimentation de différents types de comportements, elle met en place des structures organisationnelles qui prennent la forme d’interventions réalisées en collaboration avec des groupes de participants portant ses vêtements-uniformes dans l’espace urbain. Anne-Marie Ouellet s’intéresse aux notions de collectivité et d’individualisme, à la standardisation et à la régimentation, ainsi qu’au enjeux du travail de l’artiste. Titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (2011), Anne-Marie Ouellet a présenté ses recherches au Canada, en France, en Allemagne et en Autriche.
