Avec Marmelade, Paolo Almario démontre la continuité de son engagement sociopolitique actuel. À travers son art, Almario s’établit comme un acteur social, profondément influencé par le contexte culturel, social et politique dans lequel il s’insère. Par sa pratique, il prévoit de dévoiler de manière poétique et métaphorique la complexité destructive d’une structure politique d’ailleurs (Colombie) pour inviter à la réflexion sur celle du territoire où l’exposition est présentée. L’artiste utilise comme point de départ ses observations sur les diverses formes de violence, ainsi que de multiples scandales de corruption, qui se déploient lors de l’époque électorale de son pays natal. D’après Almario :
« Cette violence n’est pas seulement exercée par des groupes armés, mais provient aussi de l’opportunisme politique de certains et de l’indifférence de tous. J’ai eu l’occasion de repérer ces politiques visant à semer la confusion. Les politiciens, souvent, prennent le rôle du démagogue en utilisant des discours délibérément simplistes, sans nuances, dénaturant la vérité et faisant preuve d’une complaisance excessive. Le démagogue fait ainsi appel à la facilité, voire à la paresse intellectuelle, en proposant des analyses et des solutions qui semblent évidentes et immédiates. Par ce moyen, le politicien s’assure d’assoir sa domination sur le peuple en privilégiant son propre intérêt et de celui de son cercle le plus proche. »
Le projet Marmelade part de l’envie de formaliser la façon dont le peuple colombien représente métaphoriquement la gestion corrompue du pouvoir. Dans ce projet, la confiture (« marmelade ») devient la représentation du pouvoir. En théorie, l’élu(e) pour avoir la « marmelade » doit l’administrer de manière équilibrée au bénéfice du peuple. D’après l’artiste, cette « marmelade » est reçue par certains et « tartinée » seulement sur quelques-uns. L’ambition de l’artiste est de redistribuer symboliquement la « marmelade » au public. L’artiste remercie chaleureusement le Conseil des arts et des lettres du Québec pour son soutien.
Artiste d’origine colombienne établi à Chicoutimi (Québec) depuis 2011, Paolo Almario a été formé à la Facultad de Arquitectura y Diseño de l’Universidad Los Andes (Bogota, Colombie). Il a complété une maîtrise en art (2014) à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Ses œuvres ont été exposées au Canada, en Colombie, en Italie, en Belgique et en France. Almario œuvre dans diverses branches des arts numériques. Son travail prend souvent la forme d’installations où des compositions visuelles et sonores rencontrent les technologies numériques et interagissent avec le public. Sa pratique artistique explore les relations s’établissant entre l’individu et l’espace. Paolo porte un intérêt particulier sur la production de machines ayant pour finalité une extension de lui-même. Les actions de ces machines évoquent, par des processus de construction ou déconstruction, des notions scientifiques, identitaires, spatio-temporelles et/ou socio-politiques.